1° opéra de la saison, que je verrai samedi.
Opéra en trois actes de Thomas Adès
Livret de Meredith Oakes, d'après The Tempest de William Shakespeare
Créé le 10 février au Royal House, Covent Garden, Londres
La Tempête est peut-être la dernière pièce de Shakespeare, et beaucoup ont voulu voir dans l’épilogue de Prospero l’adieu du barde mourant à l’écriture. Les « propres forces » qui lui restaient sont immenses : qui, mieux que Shakespeare, a changé par son art notre vision du monde ? Un opéra utilise une de ses pièces ? Vaste problème, presque aussi vieux que l’opéra. D’abord, le livret : comment réorganiser, couper – parfois traduire – sans trahir ? Il semble que ce soient les Italiens Boito et Verdi qui aient trouvé la meilleure solution : une réécriture complète qui tente d’abord de préserver l’esprit sans trop trahir la lettre. C’est exactement la voie qu’a suivie Meredith Oakes dans son livret pour The Tempest. Et, heureusement, la sublime musique de Thomas Adès, jeune prodige britannique de trente-trois ans, ne camoufle pas les sentiments derrière un laconisme hermétique.